Publié le vendredi, 23 janvier 2009 à 15h48
Je t’ai épousée par allégresse de Natalia Ginzburg
Je t'ai épousée par allégresse est l'une de pièces les plus célèbres de Natalia Ginzburg. La comédie se déroule dans la deuxième moitié des années 60 et met en exergue les dynamiques drôles et amères de l'âme humaine.
Giuliana, le personnage principal, une jeune fille désemparée, fait la connaissance de Pietro. Lorsque la pièce commence, ils ne se connaissent que depuis un mois et ils sont déjà mariés depuis une semaine. Ils ne sont pas seuls car à côté d'eux on trouve Vittoria la femme de ménage très habile à éviter de se fatiguer.
La chute avec l'arrivée de la très catholique mère de Pietro accompagnée par sa fille, la sœur de Pietro, créera une certaine pagaille dans le couple.
Il s'agit d'un texte très captivant qui amènera les spectateurs à se reconnaître dans la chaleur humaine des personnages et à saisir l'apparence de la fragilité de certains protagonistes, mais aussi la fausse assurance et l'hypocrisie obstinée d'autres.
« Ce qui pourrait être la fin dans l'histoire d'un couple, explique la metteur en scène Marie-Louise Bischofberger, est un début chez Natalia Ginzburg dans la pièce « Ti ho sposato per allegria »: quelques jours après leur mariage Giuliana, une fille sans profession et d'origine pauvre, et Pietro, avocat et fils de famille aisée, se trouvent parachutés dans leur appartement, dans leur vie commune. « Pourquoi nous sommes-nous mariés à une telle allure ?? » Giuliana décline sans cesse la question, sur le mode des Variations Goldberg. Pietro, lui, est-il en mesure ou souhaite-t-il vraiment répondre à son questionnement ? Il est, en tout cas, fier d'avoir fait ce mariage à toute allure, et ne peut attendre de présenter sa femme non conventionnelle à sa mère et à sa sœur.
Cette pièce de théâtre est la première comédie de la romancière italienne Ginzburg, elle se situe dans les années soixante en Italie, époque à laquelle La Fille à la valise est un personnage qui a inspiré nombre d'auteurs et de réalisateurs (Pavese, Pasolini, Zurlini, Risi, Fellini, Antonioni..). La fille arrive de la campagne avec des rêves plein ses bagages, mais viennent ensuite les péripéties, l'envie de devenir « actrice ou danseuse » sans savoir s'y prendre, le manque d'argent, les petits boulots, les amours ratés et l'avortement. Avec un tel destin, le mariage pourrait apparaître comme un but en soi. Mais quels sont les raisons de ce mariage ? - est-ce la stabilité pour Giuliana - est-ce pour Pietro une manière de se démarquer du monde de sa mère ? - Ou bien la valse des questions et réponses, serait-elle une déclaration où l'amour existe et est plus fort que si on le nommait ?
C'est la forme de la pièce qui m'a intéressée - son réalisme : des scènes qui obéissent plus à une électricité entre des personnages qu'à un problème à résoudre avec un début et une fin - ses monologues, dus à la qualité narrative de Ginzburg comme grande romancière, et qui contrastent et se détachent de scènes plus théâtrales.
C'est une chance d'avoir pu réunir Valeria Bruni Tedeschi et Stéphane Freiss pour incarner ce couple et explorer ensemble l'univers de Natalia Ginzburg ; les autres membres de la famille, Edith Scob, Armelle Bérengier, et la servante Vittoria, jouée par Marie Vialle, se sont ajoutés dans mon imaginaire comme si j'avais feuilleté un album de famille.
Je cherchais une scénographie qui saurait rendre ce monde instable, en train de se construire, par des moyens qui me surprendraient - et j'ai eu la chance de pouvoir y convaincre le peintre Arthur Aillaud, Roberto Venturi pour les lumières, Bernadette Villars pour les costumes et André Serré pour le son. »
Je t’ai épousée par allégresse une comédie de Natalia Ginzburg, mise en scène par Marie-Louise Bischofberger. Avec Valeria Bruni-Tedeschi, Stéphane Freiss, Edith Scob, Marie Vialle et Armelle Bérengier. Décors Arthur Aillaud, costumes Bernadette Villard, lumières Roberto Venturi, son André Serré, adaptation Nathalie Bauer, Marie-LouiseBischofberger, Valeria Bruni-TedeschiInformations pratiques
Théâtre de la Madeleine19 rue de Surène - 75008 Paris
Dates : jusqu'au 20 mars 2009