La Ballade des vaches guerrières de Marco Bosonetto

Par Stefano Palombari

Bien que ce soit en réalité un monologue pour le théâtre, et donc conçu pour être vu sur scène, ce petit texte est un régal, même si on le lit confortablement assis sur son fauteuil. C'est une histoire de vaches, au sens propre. Reine, un bovin de 700 kilos raconte son quotidien passé en compagnie de deux consoeurs : la Vaillante, perdue d’amour pour Tornado, un taureau coureur, et la Marquise cruellement franche et pessimiste. Le chien Noiraud rode toujours dans les parages pour les contrôler.

On est en Vallée d’Aoste à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les Allemands et les Résistants se disputent les vallées. Les affrontements sont relatés par Reine, qui subit avec ses deux copines ces événements tragiques. Les résistants écoutent presque toujours les nouvelles de Radio Londres mais parfois de leur poste s’échappent les notes des chansons du trio Lescano et en particulier Tulipan (les tulipes), une chansonnette que les trois vaches adorent. Les trois « chanteuses du Régime » étaient en réalité d’origine juive et ensuite furent accusées d’être des espionnes pour le compte des alliés.

Les trois vaches, qui mènent malgré l’époque une existence somme toute paisible, ne sont pas du tout guerrières, comme l’évoque de façon erronée le titre français. En italien c’est Le mucche ballerine, « Les Vaches qui dansent », qui est à mon sentiment beaucoup plus énigmatique, intrigant et surtout plus pertinent. Comme quoi, changer pour changer ce n’est pas toujours la meilleure solution. Ce petit texte ne fait que 45 pages c’est pourquoi son prix (10 euros) me semble totalement injustifié. Heureusement que d’autres éditeurs font des choix bien différents. Un petit bouquin délicieux qui fait 50 pages, paru tout récemment, est en librairie à 3 euros.