Baroufe à Chioggia de Goldoni mise en scène par Antoine Herbez

Par Stefano Palombari

Baroufe à Chioggia (en italien Baruffe chiozzotte) est une pièce écrite et mise en scène pour la première fois à Venise en 1762. Elle fait partie de la trilogie des comédies vénitiennes où cette ville et ses environs, Chioggia n’est qu’à une vingtaine de kilomètres, sont les vrais protagonistes. Cette trilogie a été écrite juste avant le départ de Carlo Goldoni pour Paris.

Mais de quoi s’agit-il ? De l’amour bien évidement et de ses déboires. Les passions, les jalousies, les conflits dans un milieu qui représentait à l’époque le dernier niveau de la société c’est à dire celui des pêcheurs et des femmes qui les entourent.

Le rideau se lève sur un barouf provoqué par le batelier Toffolo, coupable d’avoir flirté avec des jeunes-filles. Lucietta, qui est la fiancée du pêcheur Titta-Nane, est en train de broder lorsque Toffolo lui offre une tranche de potiron rôti. Et elle l’accepte, ce qui ne plaît pas du tout à Checca, à qui Toffolo fait la cour depuis quelques temps.

Quand padron Toni, le patron, arrive la dispute s’arrête et le calme revient. Mais il est éphémère. Les pêcheurs rentrent et serrent dans les bras leurs femmes. Entre-temps les rumeurs et les potins vont bon train, ce qui va provoquer des nouvelles disputes, plus violentes encore où des fiançailles sont carrément rompues... La force publique intervient. Mais la solution sera trouvée à l’extérieur des salles de justice.

Antoine Herbez, le metteur en scène du spectacle, explique que l’un des éléments qui l'a fasciné de cette pièce ce sont « ces bagarres démesurées, où souvent les femmes ont le dessus sur les hommes (…). Goldoni est un auteur qui écrit formidablement pour les femmes. Et je veux considérer alors les hommes - et même les plus pourris - comme des pantins que ces dames de Chioggia aiment à désarticuler ». L’adaptation et la mise en scène d’Antoine Herbez tentent « d’affirmer tous les paroxysmes, tous les excès, toutes les démesures. »