Calderón de Pier Paolo Pasolini par La compagnie les ex-citants

Par Stefano Palombari

Calderón se situe dans l’Espagne franquiste, un jour de 1967. Rosaura se réveille successivement dans trois mondes différents qu’elle ne reconnaît pas : d’abord riche héritière, ensuite prostituée, enfin mère de famille de classe moyenne. Elle cherche à s’en échapper en rejoignant tour à tour trois révolutionnaires qu’elle rencontre, mais cet amour se révèle à chaque fois incestueux. Son enfermement dans des codes moraux, sociaux, sexuels, ainsi que chacun de ses réveils semblent orchestrés par le personnage de Basilio. Figure archétypale du Pouvoir en mutation, d’abord père, ensuite monarque absolu, enfin mari petit-bourgeois, il fait en sorte que tout ceci ne soit « qu’un rêve, rien d’autre qu’un rêve».

Pier Paolo Pasolini est né en 1922 et mort en 1975. Poète, cinéaste, journaliste, romancier, son œuvre littéraire et cinématographique a connu une portée internationale grâce à la controverse qu’ont provoqué des films tels que L’Evangile selon Matthieu ou Saló ou les 120 journées de Sodome, ou des livres tels que Ragazzi di vita. Alité à cause d’un ulcère en mars 1966, il relit le Banquet et les Dialogues de Platon : il écrira la majeure partie de ses pièces de théâtre (Calderón, Affabulazione, Pylade, Porcherie, Orgie, et Bête de Style) ainsi que les scénarii de Théorème et OEdipe Roi entre le printemps et l’été 1966. Calderón sera publié en 1973, nourri de la « Polémique des Jeunes Soixante-Huitards » déclenchée par son article « Le PCI aux jeunes » paru dans L’espresso en 1968. Les nombreuses prises à parti de ses contemporains à travers la presse écrite, ses prises de positions radicales en ont fait un personnage autant adoré qu’haï. Sa mort sur une plage près d’Ostie en 1975 reste toujours mystérieuse, et participe à la fascination qu’évoque le personnage de Pier Paolo Pasolini.

La compagnie les ex-citants est composée de jeunes comédiens issus de l’ERAC (Ecole Régionale d’Acteurs de Cannes) et du Studio Théâtre d’Asnières. Tous les acteurs bénéficient du FIJAD (Fond d’Insertion pour les Jeunes Artistes Dramatiques). Cette formation commune, avec notamment Ludovic Lagarde, Youri Pogrebnitchko, Catherine Marnas, Valérie Dréville, Charlotte Clamens, Laurent Poitrenaux, Didier Galas, Philippe Demarle, les a habitué à travailler de manière collective et à développer une rare qualité d’écoute. L’esprit collectif dans une recherche rigoureuse et exigente, axée sur des textes contemporains, poétiques, et engagés politiquement, est ce qui fonde la compagnie.

Cette création a été initiée par les projets personnels de 3ème année de l’ERAC (École Régionale d’Acteurs de Cannes). Il a alors été choisi par le comité pédagogique de l’ERAC, composé de Laurent Poitrenaux, Michel Corvin, Valérie Dréville, Didier Abadie, Philippe Demarle, Bruno Tackels, Catherine Marnas, Alain Fourneau, et suivi par Simone Amouyal (actuelle directrice artistique de l’ENSATT), Béatrice Houplain (directrice des études de l’ERAC), et Alain Fourneau (directeur du Théâtre des Bernardines).
La compagnie est lauréate du Prix Paris Jeunes Talents 2009 pour la création de ce spectacle.