Publié le vendredi, 4 juillet 2008 à 14h48
L'errance du regard, Rêves et visions d'Italie
L’éditeur Actes-Sud poursuit dans la publication de grands photographes italiens. Après le petit livre consacré au sicilien Ferdinando Scianna il y a quelques mois, c’est au tour du photographe napolitain Mimmo Jodice. Dans ce cas le format est totalement différent, il s’agit d’un très beau volume de grand format, relié, avec couverture rigide d’environ 270 pages.
Mimmo Jodice est un photographe napolitain né dans un quartier populaire de la ville, la Sanità, en 1934. Resté orphelin, il est contraint de travailler dès la fin de l’école primaire. Il ne commence à photographier qu’à la fin des années 50. C’est en 1968 qu’il commence à travailler avec le galeriste napolitain Lucio Amelio qui lui permet de rencontrer les plus grands représentants des avant-gardes comme Andy Warhol, Robert Rauschenberg, Gino De Dominicis, Giulio Paolini.
Les photos qui choisies pour cette publication, environ 160, sont comme des abacules qui donnent un aperçu de la grande mosaïque qu’est une nation, dans le cas échéant de l’Italie. Jodice n’a pas la prétention de photographier l’Italie, car la complexité d’un pays ne peut pas se résumer en une image. D’autant plus qu’un pays est quelque chose qui bouge, qui se transforme, qui se déplace, qui se nie. D’où l’errance de Jodice, le mouvement, les atmosphères très différentes, contradictoires de ses instantanés qui ne sont que des petits atomes de vérités.
Tout ça est magnifiquement bien expliqué dans la préface de Francine Prose, Le pouvoir des images. Elle nous met tout d’abord en garde contre les images trop suggestives. Les clichés qui prétendent saisir « l’ambiance d’une culture particulière ou d’un "caractère national" » tombent à chaque fois « dans le piège écoulé du stéréotype, de tels clichés sont non seulement stériles mais aussi pernicieux. »
C’est justement ce que ne fait pas Mimmo Jodice « Les clichés fascinants et évocateurs de Mimo Jodice rassemblés ici sous le titre L’errance du regard, bousculent tous ces préjugés réducteurs sur les identités nationales. »