Publié le mercredi, 10 juin 2009 à 17h12
Domenico Beccafumi
A partir du 25 juin, le Musée du Louvre nous offre l'occasion d'admirer sa remarquable collection de dessins de Domenico Beccafumi, figure majeure du Maniérisme siennois. L’exposition présente les oeuvres de l’artiste conservées au Louvre entourées de feuilles de ses contemporains : quarante dessins qui témoignent de l’essentiel de son activité, de 1518 à 1547, trois gravures en chiaroscuro entrées avec la collection Edmond de Rothschild et, comme exemples raffinés de sa peinture, trois panneaux de prédelle provenant de la Pala de San Bernardino.
Domenico Beccafumi naît dans la campagne siennoise de parents paysans. Lorenzo Beccafumi, aristocrate siennois, remarque son talent pour le
dessin, le prend sous sa protection et lui donne son nom.
À Sienne, Beccafumi étudie chez un peintre dont le nom reste inconnu. Il complète sa formation en copiant des dessins de grands maîtres, puis lors d’un voyage à Rome en étudiant ce qu’ont fait Michel-Ange et
Raphaël. Par ailleurs, Florence lui offre les modèles de ses aînés florentins Piero di Cosimo, Mariotto Albertinelli, Fra Bartolomeo.
Rentré à Sienne pour y demeurer longtemps, solitaire et recherché, Beccafumi se mesure à Sodoma et fait preuve face à lui de fierezza, vivacità et de facilità di disegno (force, vivacité et de facilité dans le dessin).
La graphie de Beccafumi démêle l’écheveau des formes possibles en brouillant le trait et en troublant les ombres. Cela n’a pas d’antécédent : ni Fra Bartolomeo, ni Albertinelli n’avaient poussé aussi loin la dissémination des traits de contour et de la nébuleuse des ombres. Beccafumi est en effet, par excellence, un dessinateur de la ligne tremblée. Dans son étude pour le Dieu le Père de la pala avec Saint Michel chassant les anges rebelles (Sienne, San Niccolò al Carmine), Beccafumi va même jusqu’à construire la figure par un travail de la plume, plan par plan, combinant un contre-jour prononcé et un éclairage puissant venant tout à la fois d’en haut et de la droite du Père. Beccafumi a certainement été, parmi les maîtres de la maniera, l’un de ceux qui, avec Parmigianino, a le plus théâtralisé la relation du clair à l’obscur.
Enfant, Beccafumi avait d’abord dessiné sur une pierre. Mais dès 1519, devenu adulte, et jusqu’en 1547, il dessine dans la pierre. Il élabore pour le pavement du Duomo de Sienne non des compositions au trait, mais, nouveauté, de grandes marqueteries de marbre en semigrisaille pour lesquelles le Louvre conserve de belles études préparatoires (Moïse).
Dans le dessin de Beccafumi, la couleur apparaît principalement dans des études de têtes réalisées à grande échelle. Elle peut être alors apportée en combinant la pierre noire, la sanguine et la craie blanche, ou en utilisant au pinceau des pigments liés à l’huile. Cette technique lui permet aussi d’atteindre le haut degré d’achèvement nécessaire à ses réalisation de fresques telles que la décoration de la salle du Consistoire du Palazzo Pubblico, siège du gouvernement siennois. Ces études inversent les principes du dessin dans la mesure où elles s’emploient à faire surgir lumière et couleur d’un fond sombre et non le contraire.
Elles inversent aussi les lois du chiaroscuro, ce type de xylographie à plusieurs bois où chaque planche apporte par surimpression une couleur tonale à l’estampe et où la lumière vient des réserves du papier qu’il grave lui-même à la fin de sa vie.
Pour ces chiaroscuri, Beccafumi élabore les dessins les plus complets qu’il ait jamais conçus. Ceux-ci proposent à petite échelle ce que le pavement du Duomo de Sienne montrait de façon monumentale : des
compositions achevées et bien remplies où les corps se dégagent d’une stricte cartographie simplifiée des valeurs.
Informations pratiques
Musée du Louvreaile Denon, 1er étage, salles Mollien, 9 et 10
Dates : du 25 juin 2009 au 21 septembre 2009
Partenariat Musée du Louvre / L'Italie à Paris
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