Publié le dimanche, 28 septembre 2008 à 09h08
Exposition Le Futurisme à Paris - une avant-garde explosive
Il y a presque cent ans Filippo Tommaso Marinetti publiait dans Le Figaro, le Manifeste du Futurisme. Le poète italien confia ses écrits au célèbre journal parisien dans le but de projeter la culture italienne dans une perspective internationale.
A l'occasion de cet anniversaire, le Centre Pompidou ouvre ses portes à une grande et ambitieuse exposition, qui vise à célébrer la naissance du Futurisme.
"Le Futurisme à Paris - une avant-garde explosive". Voici le titre d'une exposition itinérante qui est le fruit de la collaboration entre le Centre Pompidou, la Tate Gallery de Londres et les Scuderie del Quirinale de Rome. L'étape romaine sera significativement inaugurée le 20 février 2009, exactement cent ans après la publication du manifeste, pour que soit dignement célébré un phénomène artistique tout à fait italien.
L'exposition naît de l'étroite collaboration entre certaines des institutions européennes parmi les plus renommées et cela pour souligner le rôle joué par le Futurisme dans la définition d'un nouveau langage artistique pour l'Europe de la première moitié du XX siècle.
L'objectif de l'exposition se précise à travers les paroles mêmes de ses organisateurs, lesquels affirment que: "L'exposition ambitionne de réévaluer la place et le statut du Futurisme, source fondamentale de la modernité, afin de rendre compte de son impact sur l'avant-garde française, le Cubisme. Elle invite à une nouvelle analyse des relations entre ces deux mouvements à travers plus de 200 œuvres et documents".
Par conséquent, le centenaire nous offre l'occasion non seulement d'admirer un très important nombre d'œuvres d'une qualité exceptionnelle, mais surtout cela devient un prétexte pour que le musée remplisse son rôle en tant que centre d'étude et de recherche.
Pourquoi consacrer une exposition au Futurisme dans le centenaire de la publication de son manifeste? Ce n'est pas un hasard, il y a une raison précise. En effet, à la différence d'autres groupes et mouvements modernes, le Futurisme a toujours mis par écrit ses intentions programmatiques, le manifeste de 1909 est d'ailleurs seulement le premier d'une longue liste d'écrits, parmi lesquels il suffira de rappeler le Manifeste de la Sculpture, daté de 1911, suivi par le Manifeste de l'Architecture Futuriste signé, en 1914, par l'architecte et urbaniste Antonio Sant'Elia (1888-1916), pour terminer par le Manifeste de la reconstruction futuriste de l’Univers en 1915.
Au cours de 1910 Marinetti entre en contact avec un groupe de jeunes peintres italiens prêts à élaborer et à pratiquer dans la peinture l'idée futuriste. Ils sont les suivants : Umberto Boccioni (1882-1916), Giacomo Balla (1871-1958), Carlo Carrà (1881-1966), Luigi Russolo (1885-1947),et Gino Severini (1883-1966), lesquels, en 1910, donnent leurs adhésion au mouvement futuriste par la publication du Manifeste des peintres futuristes et le Manifeste technique de la peinture.
Le groupe ainsi constitué commence à organiser de nombreux spectacles de théâtre et de poésie, ainsi que des expositions de sculpture et de peinture, parmi lesquelles la plus renommée, et qui projettera le futurisme sur la scène internationale, aura lieu en 1912 à Paris, à la Galerie Bernheim-Jeune sous le titre de Les peintres futuristes italiens. Elle scandalisa notamment à cause du contraste évident avec tout ce que, à cette époque, le domaine artistique était en mesure d'offrir au public.
En polémique ouverte avec toute idée passéiste relative à l'art et à la vie, les futuristes affirment la violente nécessité d'un art nouveau dont le caractère révolutionnaire aurait du informer la vie dans toutes ses manifestations en parvenant, donc, à l'identité d'art et de vie, pivot de l'esthétique futuriste. Héritant de la philosophie de Bergson et de la théorie de la relativité d’Einstein, l'objectif de l'art nouveau sera l'exaltation du dynamisme, de la vitesse, de l'énergie et de l'action humaine.
L'art devra par ailleurs fuir la "museification", pour être à même de se renouveler tant dans les contenus que dans les techniques. Enfin, l'art devra choquer, secouer, se servir de la violence psychique, voire physique. Le premier conflit mondial mettra momentanément fin à l'optimise des avant-gardes. En 1918, la revue Roma Futurista marque le début d'une époque nouvelle pour le futurisme. Plusieurs artistes autrefois engagés au sein de la Révolution Futuriste, s'adoptent au climat général de "rappel à l'ordre", nouveau dictat de la culture européenne.
Mais les fondements de l'art moderne avaient été désormais jetés et, ni la mort de Boccioni et Sant' Elia sur le champ de bataille, ni le propos d'un retour à une perspective classique de l'art, n'empêchera au Futurisme d'irradier l'écho de sa force innovatrice.
Les nouveaux mouvements de l'art européen, issus des cendres de la première guerre mondiale, tel que le constructivisme russe et le dadaisme ont accueilli en les réélaborant le credo et la leçon futuristes.
Après cent ans, l'exposition de Beaubourg se propose de reparcourir les traces de ce dialogue passionné, chapitre fondamental de l'art et de la culture européens du XX siècle.
Informations pratiques
Centre Georges PompidouPlace Georges Pompidou - 75004 Paris (M° Rambuteau)
Tél. 01 44 78 12 33
Dates : du 15 octobre 2008 au 26 janvier 2009