Publié le lundi, 28 décembre 2009 à 11h45
Fabbrica, spectacle d'Ascanio Celestini
Depuis toujours existe en Italie un courant théâtral dont le grand maître demeure Dario Fo et auquel appartient Ascanio Celestini. Courant porté par des auteurs-acteurs-musiciens-improvisateurs, occupés à saisir l’actualité politique, à la traduire en fables d’une féroce et réjouissante justesse.
Histoire d’une usine sidérurgique, mêlée à celle d’une famille durant trois générations. Au départ, il s’agit d’un monologue à partir de la lettre qu’un fils écrirait à sa mère. Un texte du chroniqueur italien Ascanio Celestini que le metteur en scène, Charles Tordjman situe du côté de Fellini, Moretti, Dario Fo. « Le récit ne suit pas la chronologie de l’usine, il en dévoile les secrets : comment, après la guerre, elle naît du désir d’un homme riche, comment il l’a accaparée, les alliances politiciennes qui lui ont permis de maintenir son pouvoir sur la région. Il y a aussi une femme, belle comme une madone. Incarnation de l’usine et mante religieuse, elle donne naissance à un enfant monstrueux, séduit les ouvriers avant de les jeter dans un puits. Image des dégâts que, par exemple, peut provoquer l’amiante ». Il s’agit d’une fable, accompagné sur scène par Giovanna Marini et son trio. Un conte de sorcières à propos de l’Italie, du monde, des usines démantelées, délocalisées. Et de la disparition progressive de la classe ouvrière.
Avec «Fabbrica», Ascanio Celestini entraîne le spectateur dans les rouages de la réalité industrielle et politique de l’Italie du XXe siècle dont l’histoire est avant tout celle des ouvriers : de Fausto, le chef manœuvre qui a perdu une jambe, de son père et de son grand-père qui portent le même prénom, de Paride Pietrasanta, patron de l’usine, d’Assunta, belle comme une Madone et au secret indiscible, et de tous ceux qui ont croisé leur destinée.
Entre témoignages, situations extraordinaires, visions magiques et légendes construites jour après jour dans les températures torrides d’un haut fourneau, ce récit hors du commun retrace les grandes étapes de l’usine. Celle de l’origine où les ouvriers étaient forts comme le bronze et hauts comme les géants ; celle des ouvriers aristocratiques rendus indispensables à la production jusqu’à être exemptés du service militaire durant la Grande Guerre et tolérés par le régime fasciste malgré leurs idées communistes ou anarchistes ; et enfin la période contemporaine avec une usine qui réduit le nombre de ses travailleurs. «Fabbrica» possède cette qualité de parler avec légèreté et magie de sujets graves et envoûte le spectateur dans une rafale de mots qui coulent d’un seul trait, entre suspense et souvenir, dévoilant avec humour et amertume la mémoire d’un passé qui nous accompagne au présent, le nôtre, celui des usines en cessation d’activité, des luttes syndicales sans cesse renouvelées et de la recherche d’identité.
Ascanio Celestini raconte...
Attention : rencontre-spectacle originale, créée tout spécialement pour le Théâtre de la Ville Ascanio Celestini aura lieu ce dimanche 17 janvier 2010 à 17h dans l'espace sous-sol du Théâtre de la Ville (tarif unique à 8€). Ascanio Celestini raconte..., accompagné du comédien francophone Patrick Belbi et du guitariste Matteo d’Agostino. Ascano Celestini proposera des racconti – courts récits issus des témoignages qu’il recueille –, des canzoni impopolari, et évoquera son parcours et sa démarche artistique.
Informations pratiques
Théâtre des Abesses31 rue des Abbesses - 75018 Paris
Réservation : Tél. 01 42 26 47 47
Dates : du 5 au 16 janvier 2010