Publié le dimanche, 19 juillet 2009 à 09h43
H.P. le dernier chauffeur de Lady Diana
Henri Paul est un personnage tellement anonyme que, comme le dit Sebaste, son nom n’est que l'ajout d’un autre prénom. Et pourtant, à cause de toute une série d’événements, dont il n'avait aucune responsabilité, il est devenu l'ingrédient principal d'une affaire d'Etat. Le titre de ce livre présente volontairement deux fautes, que peu de gens remarqueront. Henri Paul n’était ni chauffeur ni engagé par Lady Diana. Il était le responsable de la sécurité du prestigieux Hôtel Ritz, propriété de la famille Al-Fahyed. Il était bien au volant de la voiture qui s’est écrasée sous le tunnel de l’Alma mais c’était quelque chose d’exceptionnel. Dodi Al-Fahyed le lui avait demandé personnellement comme service. Cela montre le degré de désinformation qui demeure encore aujourd’hui autour de ce tragique accident du 30 août 1997.
Henri Paul était le coupable idéal. Cela permettait d’accélérer les temps de l ‘« enquête » et réduire l’exposition médiatique sur les nombreux scandales dont la famille royale d’Angleterre était l’objet. Beppe Sebaste ne prétend pas résoudre le cas. Il est fasciné par le destin de cet homme commun, normal qui se voit soudainement extirpé de son anonymat, de sa vie somme toute banale, pour devenir la clef d’une histoire qui le dépasse. Les portraits d’Henri Paul qui sont parus dans les journaux ont étonné et révolté tous ceux qui le connaissaient. Henri Paul n’était pas un alcoolique, drogué et dépressif mais une personne qui aimait boire de temps à autre avec ses amis, toujours en dehors de ses horaires de travail, qui avait ses moments de détresse et ses déboires comme n’importe qui.
L’auteur pousse sa quête jusqu’à rencontrer la famille Paul, son frère Sylvain et sa dernière compagne « L. ». A la fin subsistent tous les doutes et la colère, exprimée par le petit frère d’Henri, que la justice en fin de compte ne sert que le jeu des grands et elle est prête à sacrifier les petits pour sauver les intérêts des premiers. Beppe Sebaste met bien en lumière tous les points noirs d’une enquête à sens unique, notamment les nombreux témoignages, les éléments négligés ainsi que les contradictions flagrantes concernant les différentes analyses effectuées sur le corps de la personne qui était au volant de la Mercedes.
En réalité, malgré le titre, la partie relative à Henri Paul occupe environ la moitié de ce livre. L’autre moitié parle de pleins d’autres choses. L’auteur avoue avoir pensé à un livre sur Paris, ville où il a vécu et de laquelle il semble bien connaître certains quartiers. Cependant au fur et à mesure que l’on tourne les pages, on a plutôt la sensation d’un livre autobiographique car l’auteur, et tout ce qui l’entoure, est particulièrement présent. Les différents sujets, épisodes et anecdotes qui ne concernent pas « le dernier chauffeur de Lady Diana » sont tous liés à la personne qui écrit. Ses femmes, son fils, son appartement derrière l’hôtel Matignon, son accident de voiture qui a inspiré la conception de son fils, son divorce et même ses pulsions érotiques incontrôlées. Reste à trouver le lien de tout ça avec Henri Paul.