Il sogno 101, mémoires enregistrées de Giacinto Scelsi

Par Stefano Palombari

Il s’agit d’une sorte d’autobiographie en deux parties du compositeur italien Giacinto Scelsi (1905-1988). Des souvenirs enregistrés sur bande magnétique et puis retranscrits. La première partie, qui remonte au mois de mars 1973, n’a pas encore été publiée en Italie, sa parution est prévue pour bientôt. Il sogno 101, seconde partie, Le Retour, enregistré par l’auteur dans la nuit du 27 au 28 décembre 1980 est sous forme de poème.

Les premières pages sont consacrées aux déboires de l’auteur avec différents médecins qu’il avait contactés pour soigner un état de malaise et de fatigue constants. Il en sort des portraits hauts en couleur des pratiques médicales les plus disparates, très en vogue dans les années 30. Scelsi remarque en passant un phénomène assez intéressant, que la médecine et la musique ont toujours fait bon ménage. De nombreux médecins ont été d’excellents musiciens. Entre les différents traitements, l’auteur raconte des anecdotes concernant les personnalités les plus en vue du monde artistique et intellectuel de l’époque.

Ensuite, Scelsi décrit sa famille, parle de son grand-père, patriote, héros de la résistance sicilienne aux Bourbons, de son père, de son enfance. Les souvenirs se succèdent sans un critère préétabli, l’un rappelle l’autre, souvent liés aux nombreuses villes où il a vécut. Paris a une place toute particulière car Scelsi y présenta ses principales compositions. Rotativa en 1930, La Nascita del verbo (La naissance du verbe) en 1950 et dix ans plus tard, Les quatre pièces sur une seule note. L’enregistrement est sous forme de dialogue avec trois « bavards », curieux et insolents, inventés par l’auteur.

Le Retour, seconde partie de Sogno 101, a été publié en Italie en 1982 par la maison d’édition Le parole gelate. Les bavards sont partis et l’auteur se retrouve tout seul avec lui-même, ce qui lui permet de se livrer à la « description d’une vision post-mortem ». Cette deuxième partie, en forme de poème, est assez cryptique, guère facile à lire et bien moins intéressante que la première partie. Heureusement, elle est aussi beaucoup plus courte.