Joël Pommerat présente Pinocchio à Saint-Quentin-en-Yvelines

Par Stefano Palombari

Pinocchio, qui a été écrit par le toscan Carlo Collodi il y a environ 130 ans, souffre encore des ravages provoqués par la version édulcorée, présentée en 1940 par Walt Disney. On ne pourra donc jamais assez remercier tous ceux qui essayent de faire regagner à ce personnage les traits qu'il possédait dans la version originale.
Joël Pommerat fait partie de ceux qui ont relevé ce défi, tout comme Sandrine Anglade. Après son Petit Chaperon rouge, présenté au Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines, en février 2008, c’est au tour de son Pinocchio, qui débarque dans ce théâtre après une longue tournée.

L’interprétation de Pommerat, qui n’est pas une version pour adultes, tourne autour du thème de la difficulté de devenir quelqu’un de bon. Pinocchio est un enfant d’aujourd’hui confronté aux difficultés de tous les jours, aux contraintes de notre société. Ce n’est donc pas une mince affaire pour Pinocchio d’être bon, dans le sens d’être respecté, pris notamment entre la pauvreté, incarné par son père Geppetto, et le mirage de gains très faciles. On lui explique avec des exemples fort convaincants qu’il suffit de placer… pardon « planter » de l’argent pour qu’il pousse tout seul.
Sans compter l’importance disproportionnée qu'a pris l’image, dans le sens de l’apparence, dans notre société. Comment se rendre à l’école si l’on est mal habillé, car pauvre ?

Mais Pinocchio est un « vilain » garçon réfractaire à l’ordre. Quelqu’un qui naît rebelle. Sa naissance est déjà une rebellion aux lois de la nature. Il se fiche pas mal des « devoirs » imposés par notre société. Il est notamment imperméable au culte du travail. Donc, rien à voir avec ce pantin naïf et sot imposé par la version américaine.