Publié le jeudi, 12 février 2009 à 15h40
La Grammaire de Dieu, nouvelles de Stefano Benni
Le dernier livre de Stefano Benni est un recueil de nouvelles où le lecteur rencontre des personnages attachants et pour la plupart malheureux. La solitude est l'un des thèmes les plus présents dans ce livre. Comme dans la nouvelle « Plus jamais seul », l’une de plus drôles et tristes du recueil où la tristesse du protagoniste est accentuée par sa faiblesse vis à vis des sirènes du consumérisme et du marketing. Se retrouver avec un grand nombre de téléphones portables alors que personne ne nous appelle symbolise bien l’une des contradictions de notre société. Le bonheur est dans l’objet. Ce qui fait qu’on se retrouve avec plein d’objets dont nous n’avons aucune nécessité, pas moins malheureux qu’auparavant et bien plus fauchés.
Mais la solitude n’est qu’un des thèmes de La Grammaire de Dieu, bien que le plus présent. Chaque nouvelle ne fait que quelques pages. La société contemporaine est décortiquée dans tous ses aspects les plus aliénants et contradictoires. La jeune adolescente riche et sadique qui se paye son ravisseur, l’Ogre, grâce justement aux scrupules de ce dernier. Le savant qui tente de battre ses collègues en repérant l’homme le plus seul au monde. Sa tentative est vouée à l’échec car même si les gens se sentent seuls, ils sont toujours bien entourés même dans les conditions les plus extrêmes.
Parmi les personnages qui peuplent ce livre on rencontre aussi un veuf qui tente inutilement de se débarrasser de son chien. Plus le chien, Boomerang, fait preuve d’aimer son patron plus ce dernier le haït. Toujours dans le domaine des animaux, que Stefano Benni doit aimer particulièrement, très « succulente » est la nouvelle consacrée à Carmela, la poule prête à s’immoler pour offrir un vrai bouillon à l’enfant de son patron qui a une pneumonie. Dans ses dernières volontés, elle dicte aussi les légumes par lesquels elle souhaite être accompagnée dans le voyage.
Tous ces personnages sont décrits avec délicatesse et poésie par l’auteur. Ils l’aident à aborder les thèmes qui lui sont chers et qu’on retrouve dans ses livres précédents. Mais l’auteur bolonais n’est jamais autant à l’aise qu’avec des courtes nouvelles. C’est son véritable domaine où il peut donner tout l’essor à son talent de journaliste.
Interview de Stefano Benni