Publié le mercredi, 17 décembre 2008 à 10h47
La Grande magie de Eduardo De Filippo
« La vie est une jeu et ce jeu a besoin d'être soutenu par l’illusion, qui à son tour doit être alimentée par la foi », voici le message qui se cache derrière cette pièce d'Eduardo De Filippo. C'est lui-même qui le dévoile lors d'une interview en 1949, avant d'ajouter : « et j'ai voulu dire que chaque destin est relié au fil d'autres destins dans un jeu éternel : un grand jeu dont il ne nous est donné que de découvrir des détails insignifiants. »
Pièce particulièrement riche en rebondissements, La grande magie d'Eduardo De Filippo passe, en un clin d’œil, du burlesque au mélodrame, mélange les genres... Comme le disait Giorgio Strehler : « Il y a une thématique, des inventions, des prémonitions, une façon de devancer l’époque, même du point de vue stylistique, qui font de cette comédie quelque chose d’exceptionnel ».
L’histoire se passe en 1930, dans un hôtel à Naples. On annonce l’arrivée d’un magicien, Otto, pour un spectacle sensationnel. En fait d’artiste, celui-ci est surtout un bonimenteur, un tantinet escroc qui vit sur le dos de personnes crédules. Lors de la représentation, pour quelques deniers, il fait disparaître Marta, une femme mariée, afin qu’elle puisse passer quelques instants avec son amant. Mais ce dernier, l’enlève. Le magicien protège sa fuite en faisant croire au mari jaloux, Calogero, qu’il est l’objet d’hallucinations.
Le tour de magie dure ainsi quatre années. Otto explique à Calogero : « ''Tu crois que le temps passe ? Ce n’est pas vrai. Le Temps est une convention. Si chacun de nous vivait sans engagements,
sans affaires, je veux dire une vie naturelle, primitive, toi tu durerais sans le savoir. Donc, le temps, c’est toi.'' » La chute est aussi magnifique qu’inattendue.
Eduardo De Filippo, dramaturge souvent comparé à Molière et dont la notoriété et le talent rappellent ceux d’un Pirandello, n’était pas acteur et metteur en scène pour rien. Lorsqu’il écrit ses pièces, il sait de quoi il parle et comment fonctionnent, de concert, l’illusion, le jeu ou la magie. Dans son théâtre, le soleil est méditerranéen, le ciel est bleu mais la lucidité veille et les pièces, très populaires, oscillent entre le comique de celui qui sait rire et faire rire et le pessimisme de l’observateur désenchanté qui dévoile les failles là où elles se trou- vent. La Grande Magieest emblématique de cette dualité. Entre drame et farce, la pièce porte au centre de l’action la croyance, la tromperie et l’abus de confiance. Celui qui en est le véritable héros, c’est l’amour qui, comme on le sait, rend aveugle.
La frontière entre illusion et réalité, le jeu du théâtre dans le théâtre sont des thèmes qui alimentent régulièrement la réflexion artistique de Laurent Laffargue, l’un des metteurs en scène les plus talentueux
de sa génération. Les Géants de la montagne de Pirandello questionnait la place du théâtre dans la société, et jusqu’à sa précédente mise en scène, au titre ô combien évocateur, Après la répétitionde
Bergman, qui interrogeait la frontière entre la vie réelle et le théâtre.
La permanence de ces thèmes chez lui indique sa volonté de remettre en question le rapport à son art, ainsi que la réalité qui l’environne...
Informations pratiques
Théâtre de l’Ouest Parisien plan d'accès1 place Bernard Palissy - 92100 Boulogne-Billancourt (M° Boulogne - Pont de Saint-Cloud), tél. 01 46 03 60 44
Dates : du 8 au 28 janvier 2009, mardi au samedi à 20h30 - dimanche à 16h (relâche lundi)
tarif préférentiel pour nos internautes 18 au lieu de 25 (10 pour les moins de 26 ans) (dans la limite des places disponibles)
pour obtenir la réduction, réservez au 01 46 03 60 44 en citant l'Italie à Paris et
présentez à la caisse ce
justificatif imprimé