La saison des massacres de Giancarlo De Cataldo

Par Stefano Palombari

La saison des massacres est une « fausse » suite de Romanzo Criminale dans le sens où on retrouve les mêmes personnages, notamment Patrizia et le commissaire Sciajola mais la situation et l’époque sont totalement différentes. Exit la “banda de la Magliana”, le nouvel opus du magistrat-écrivain se passe dans les années 90. L’opération “Mains propres” avait laminé le système politique italien. Les vieux partis qui existaient depuis la fin de la guerre étaient en train de disparaître, comme la Democratie chretienne, parti au pouvoir depuis plus de quarante ans, ou de changer de nom, comme le parti communiste, pour se rendre plus présentable.

C’est dans ce climat d’incertitude que la mafia frappe à plusieurs reprises. D’abord sur des hommes pour elle dangereux, Giovanni Falcone et Borsellino, puis sur des œuvres d’art, comme les églises de San Giovanni in Laterano et San Giorgio in Velabro de Rome et la via dei Georgofili à Florence. Si les hommes sont remplaçables ce n’est pas de même pour le patrimoine artistique.
Sciajola se rend compte que derrière ces attentas il n’y a pas que la mafia. D’autres forces ont intérêt à déstabiliser les institutions démocratiques de la péninsule.

Les personnages conçus par Giancarlo De Cataldo ont le don d’être extrêmement réalistes. On sent le sang pulser dans leurs veines. A commencer par Scialoja, un policier complexe et contradictoire, qui aime traîner dans la zone grise, à la limite entre légalité et illégalité, ce que certains collègues ainsi que des hommes politiques intègres lui reprochent. Et puis Patrizia, sa maîtresse, mais pas que la sienne, prise entre ses doux rêves et la dure réalité. D’autres personnages semblent presque identifiables, tout en restant universels, comme le sénateur Argenti, fidèle à un monde disparu sans le prévenir et le journaliste Carú, avec son flair qui lui permet de sauter très à l’avance sur le bateau du gagnant.
Écrit avec le style rapide et concis des meilleurs polars, ce roman, qui a aussi le mérite de rappeler une page trop vite oubliée de l’histoire italienne, se lit d’un seul trait.