La Trilogia della villeggiatura de Goldoni par Toni Servillo

Par Stefano Palombari

Pour son premier Goldoni, Toni Servillo a choisi une œuvre pas très célèbre mais fascinante du dramaturge vénitien. Pour ce spectacle, l'acteur et metteur en scène napolitain, qui reprend une ancienne mise en scène de Giorgio Strehler, est accompagné par l'équipe du Piccolo Teatro de Milan.
La Trilogia della villeggiatura (Trilogie de la villégiature) est composée, comme son nom l’indique de trois textes, trois comédies où on assiste à l’éducation sentimentale de quatre jeunes gens de Livourne, Vittoria, Giacinta, Leonardo e Guglielmo. Les trois volets de cet ouvrage concernent respectivement les préparatifs, les vacances elles-mêmes et le retour en ville.

Mais la vraie protagoniste de la trilogie est la petite bourgeoisie de l’époque, notamment des petites villes comme Livourne qui se prépare, bon gré mal gré, à se ruiner pour singer les « villégiatures » de l’aristocratie. Par le biais de ses aventures, Goldoni nous offre le tableau hilarant et pathétique d’une société ébranlée, bouleversée, qui refuse des changements inexorables en se figeant dans des pratiques apparemment rassurantes mais profondément destructrices.

Mais pourquoi avoir choisi précisément cette œuvre de Goldoni ? Dans une interview à l’Italie à Paris, Toni Servillo explique que deux raisons en particulier l’ont poussé à faire ce choix. Tout d’abord pour une question de forme. L’assemblage de ces trois textes, comme le souhaitait Goldoni même « faisait en sorte que la Trilogie devienne une sorte de grand roman théâtral (…) avec la possibilité de bien faire connaître les personnages, de les faire changer, évoluer, tout en partageant cette expérience avec les spectateurs. » Mais l’intérêt de Servillo pour ces textes de Goldoni concerne aussi le contenu car cette œuvre « nous offre un portrait lucide, impitoyable, et en même temps très mesuré et équilibré des responsabilités, des misères, des élans et des pensées d’une classe très importante, et souvent absente, dans notre pays qui est la bourgeoisie ».
Cette dernière caractéristique est aussi très présente dans les pièces d'Eduardo De Filippo, auteur théâtral très cher à Servillo. Il faut rappeler son extraordinaire mise en scène et interprétation de Sabato, domenica et lunedi d'Eduardo De Filippo.