Le Compagnon de voyage de Curzio Malaparte

Par Stefano Palombari

Il s’agit d’un inédit de Malaparte publié en Italie il y a deux ans à l’occasion du cinquantième anniversaire de la mort de l’écrivain. Souvent les écris inédits des grands auteurs publiés plusieurs années après leur mort n’ont guère d’intérêt car soit ils sont des brouillons, ce qui les rend fragmentaires, contradictoires et décousus, soit des textes ratés et donc justement écartés par l’auteur même. Ce n’est pas le cas de ce petit bouquin d’un peu plus de cent pages qui présente une vraie unité et un réel intérêt littéraire et historique.

Le livre narre l’odyssée de Calusia, chasseur alpin bergamasque qui, au lendemain du 8 septembre 1943, entame un périple long et périlleux pour rendre le cadavre de son Lieutenant Eduardo Cafiero, noble napolitain, à ses proches. Cette date du 8 septembre 1943 est l’une des plus emblématiques de l’histoire d’Italie. Le pays allié des Allemands se défait de Mussolini et passe du côté des Alliés. Les soldats italiens se retrouvent ainsi du jour au lendemain à combattre contre ceux qui étaient jusque là leurs propres alliés.

Calusia part donc de la Calabre, déjà occupée par les Anglais, avec la caisse enfermant les dépouilles de son Lieutenant. Au cours de ce voyage, le lecteur a la possibilité d’apprécier les vertus paysannes du soldat et notamment la fidélité à des valeurs ancestrales, ce qui contraste avec la déchéance morale ambiante.

Calusia rencontre d’abord Concetta une jeune orpheline de 17 ans qui s’est échappée de l’orphelinat et ils font un bout de chemin ensemble. Jusqu’au jour où, sur un coup de tête, Concetta abandonne Calusia, qui ne veut pas d’elle car trop jeune, et se fait rattraper par les bonnes sœurs à qui elle était confiée. Peu après, le soldat rencontre Mariagiulia et c’est avec elle qu’il poursuivra son voyage.

Sur la route, Calusia croise plusieurs fois des soldats anglais qui font toujours une piètre figure. Ils sont naïfs, fanfarons, arrogants. A chaque fois, ils créent des problèmes à notre voyageur qui réussit toujours à se débarrasser d’eux en les ridiculisant. Décidément, l’écrivain ne les portait pas dans son cœur.