Publié le vendredi, 26 décembre 2008 à 17h47
Le divo Giulio et sa bande
Après Les conséquences de l’amour et L’Ami de famille, Il Divo confirme le talent hors pair de Paolo Sorrentino. J’avais adoré Les conséquences de l’amour mais avec ce dernier film Sorrentino frappe encore plus fort. C’est un film tellement singulier que le décrire apparaît d’emblée très compliqué, d’autant plus qu’il manque des termes de comparaison tant sa façon de manier la caméra est insolite.
Le Divo (la star en italien) en question est un homme politique italien. Et là aussi c’est un sujet hors pair car dans aucun pays démocratique n’a existé un homme à la carrière politique comparable à celle de Giulio Andreotti. C’est une personnalité qui représente un système politique inamovible, qui est resté en place en Italie pendant quarante ans.
Giulio Andreotti était un homme politique très discret et sournois. Il parlait peu, il ne se montrait pas beaucoup, il avait une vie tout à fait normale, sans excès. Comment donc lui consacrer un film sans ennuyer ? Sorrentino a eu l’idée lumineuse d’aborder le sujet par contraste, par opposition. Il décrit par antithèses. Et ça fonctionne de manière impeccable, à l’instar de la façon dont le jeune cinéaste maîtrise son outil de travail. Le résultat est un film dense, jamais pesant et toujours très drôle.
Il Divo a totalement mérité le prix du jury gagné au dernier festival de Cannes. D’autant plus qu’on peut savourer ce film même si on ignore totalement qui est Andreotti. Mais connaître un peu le personnage aide à apprécier encore plus le film. C’est pour cela que nous avons consacré un dossier au Divo Giulio. Déjà concernant le titre « Il Divo », peu de gens savent que ce fut Mino Pecorelli, le journaliste assassiné en 1979, qui lui avait donné ce surnom. Andreotti a été, entre autres, accusé d’être le cerveau de ce meurtre avant d’être finalement acquitté en cassation.
Tourné de façon rapide et originale, avec une forte présence d’éléments symboliques, ce film n’a rien d’un documentaire. C’est une interprétation tout à fait personnelle de faits réels ou de témoignages de repentis de la mafia. L’une des scène les plus hilarantes du film c’est la présentation à la façon western de la garde rapprochée du courant « andreottien » de la Démocratie Chrétienne.
Toni Servillo qui a joué pratiquement dans tous les films de Sorrentino ainsi que dans Gomorra de Matteo Garrone est un Andreotti surprenant. Ceux qui connaissent, ne serait-ce qu’un peu, cet homme politique seront frappés par la justesse de l’interprétation notamment de ses gestes récurrents, de ses expressions et des ses tics. En conclusion, un film à ne pas manquer.