Le voyage de Pinocchio, réinventé par Sandrine Anglade

Par Karima Romdane

Plus de cent ans après Carlo Collodi, Sandrine Anglade réécrit l’histoire de Pinocchio. Deux comédiens musiciens et sept enfants chanteurs, instrumentistes et comédiens, solistes donnent vie à un spectacle où l'histoire du célèbre pantin en bois au long nez se mêle à des chants et des musiques de l’Italie du sud. L’idée est aussi celle de raconter la naissance d’un enfant par le biais d’autres enfants. C’est pourquoi, à chaque représentation seront associés aussi quinze enfants issus des écoles ou des conservatoires.

C’est un grand roman celui écrit en 1880 par Carlo Collodi. Un roman complexe aux multiples interprétations : allégorie de la Paternité (Geppetto), ode à la nature où les animaux qui ont un rôle très important, pas forcément positif, mis à par le grillon (parlant). L’interprétation d’Anglade tranche pour une version lyrique axée autour des enfants.

Bien loin des ravages de la version du dessin animé de Walt Disney (1940) qui avait rendu le personnage plat et unidimensionnel, la version d’Anglade est, peut-être, dans son esprit bien plus proche de l’originale avec sa poésie des choses humbles et quotidiennes. Sauf que le voyage de Pinocchio y a lieu à reculons. Le rideau s’ouvre sur un Pinocchio adulte qui tout en remémorant son père, rappelle son passé, son enfance, guidé par la musique. Le personnage de Pinocchio, Liviu Badiu, joue du violon. A ses côtés Geppetto, Daniel Laloux, et les sept petits solistes de la Maîtrise de Paris, témoins de l’enfance et de ses contradictions, de son goût doux-amer.