Publié le dimanche, 31 août 2008 à 15h24
L’eau et le sable exposition de Gilles Gubelmann
Bien que Gilles Gubelmann soit un peintre et scénographe suisse, ses rapports et ceux de ses œuvres avec l'Italie sont nombreux et très étroits. L'exposition qu'il présente à l'Atelier Visconti a pour thème « l’eau et le sable ». Il s'agit d'une trentaine de toiles inspirées de Venise, ville où l'artiste vit et travaille, et de ses voyages au Maroc et au Yemen, le Yemen de Pier Paolo Pasolini.
Des paysages interprétés avec sa sensibilité innée, sans entrer dans les subdivisions formelles de l’Art Contemporain. Dans ses toiles de Venise, l’effet scénographique nait de la fusion des raccourcis théatraux et des clairs-obscurs, en ajoutant parfois aux couleurs appliquées à la spatule du carton ondulé, du sable et des morceaux de plastique.
Lors d’une personnelle à Bologne en 2001, Franco Basile, curateur du Musée Morandi, écrivait : « Dans ses toiles il racconte ce qu’il a capté dans un silence interrompu seulement par les vaguelettes se brisant sur les bords d’un canal. Silence qu’il a réussit à saisir – et à mettre en scène – également au pieds d’un gratte-ciel de Manhattan ».
En 2005 Gubelmann part pour le Yemen que Pier Paolo Pasolini décrit ainsi dans Corpi e Luoghi : « Architectoniquement, le Yemen est le plus beau pays du monde. Sana’a, la capitale, est une Venise sauvage sur la poussière...dont la beauté réside non point dans les batiments dépérissables, mais dans leur dessin incompatible...c’est l’un de mes reves. »
Dans ses toiles inspirées du Yemen et du Maroc, Gubelmann nous invite à un voyage onirique et se fournit de prétextes et de suggestions, pour se confronter avec l’objectivité de la forme pour la recomposer avec la subjectivité des états d’ame, pour s’immerger dans la versatilité de l’ atmosphère. Gubelmann met en page et illustre un monde qui est à la fois paysage naturel et espace de l’ame. Il dénonce avec ironie les signes de la civilisation en insérant des fragments réels de plastique, dans « Fiori del deserto » sur les rameaux desséchés d’unn arbre solitaire, comme s’ils étaient de joyeuses explosions de la nature, véritables interprètes de la natura triumphans. Mais ce qui rend vraiement mystérieuses ces vues du Yemen, ce ne sont pas tant les couleurs, les architectures fantomes qui évoquent les mythes et les légendes. Le vrai mystère est l’absence : l’absence de la présence humaine. Néanmoins l’etre humain est fortement évoqué, comme s’il était un acteur appelé avec force sur scène par le public. Présences qui attendent d’etre révélées dans le silence du désert balayé par le vent, pour s’introduire dans un espace créateur d’images laissant voler l’imagination à la recherche d’un songe, d’un nom, d’une histoire.
Informations pratiques
Atelier Visconti4, rue Visconti - 75006 Paris (M° Mabillon)
Tél. 01 43 25 44 48
Dates : du 25 septembre 2008 au 18 octobre 2008