Publié le mardi, 3 juin 2008 à 13h27
Mostra Stefano Cerutti
Stefano Cerutti revient à La Rotonde avec de nouvelles œuvres qui nous révèlent une vision complexe du masculin et du féminin.
Dans ses précédentes toiles, les lieux apparaissaient sous un aspect ludique, petites maisons pantoufles emplies de reliques de l’enfance que la technique du collage habilement utilisée déposait comme les derniers repères avant l’affrontement, le départ, la maturité, les dangers du monde. Symboles du passé et des menaces à venir, le bassin des poissons isolaient quelques poissons noirs des heureux (?) poissons rouges. La femme ou du moins la féminité se montrait dans des robes symboliques, élégantes et nostalgiques d’un corps disparu.
Quand un visage apparaissait, c’était celui d’un rapace, inquiétant, agressif, dont on retrouvait les traits dans ses têtes de femmes. L’homme restait dans l’ombre, sous l’apparence d’un prêtre hideux recroquevillé dans sa peur du sexe, des femmes et de la maternité. Voilà que s’éclairent un peu ces rapports féminin/masculin avec l’apparition des corps. S’il reste de la grâce et de l’élégance, elle est dévolue aux femmes, sur fond rouge.
Pour le reste, des êtres aux bras coupés/collés se partagent des espaces ternes, gris, gris-bleu. L’impuissance semble effacer toute agressivité, semble escamoter toute potentialité de conflit. Pourtant, la femme triomphe, paradoxalement dans l’icône des temps nervaliens, non pas à sa haute fenêtre, inaccessible dans le temps et dans l’espace, mais comme vierge et mère. Par le subterfuge d’une robe de bébé qui couvre et l’enfant et la mère de la tête au pied, la femme aux bras et mains retrouvés, présente, offre au monde le fruit de ses entrailles. Encore une fois l’histoire se fait sans le mâle.
Stefano Cerutti est le créateur d’un univers personnel où l’artifice et le faux-semblant n’ont pas leur place. Quelle que soit l’interprétation que l’on donne de son œuvre, celle-ci fascine par son mystère et sa présence envoûtante. Abriter une toile de Stefano Cerutti n’est pas un acte anodin, décorateurs passez votre chemin, n’accordez pas à vos rideaux le rouge de ces femmes, ni le gris bleuté de ces hommes livides. Stefano Cerutti ne peint pas pour célébrer un décor, mais pour des êtres que traversent les inquiétudes du XXIème siècle.
Informations pratiques
Galerie La Rotonde plan d'accès28 rue Eugène Carrière - 75018 Paris (M° Lamarck / Guy Moquet)
Tél. 01 42 23 83 10
Dates : jusqu'au 5 septembre 2008, Du lundi au samedi de 15h à 19h30. La Rotonde sera fermée du 11 juillet au 22 août.