Publié le lundi, 8 décembre 2008 à 19h29
Nez de Chien, polar de Attilio Veraldi
C’est un polar assez étrange. Tout d’abord le héros de cette histoire n’est pas un concentré de bonté et d’honnêteté, comme dans la plupart des cas, mais un assassin, un tireur à gages. Ciro doit son nom à la forme très particulière de son nez que l’on peut associer à celui d’un chien. C’est un enfant des quartiers populaires de la ville de Naples, vraie protagoniste de ce livre. Elle apparaît sous toutes ses facettes à travers le portrait des différents personnages : parmi lesquels « Le professeur », qui en réalité, tout en ayant un bureau chez lui, n’avait pas fait d’études, Rosa, la prostituée rêveuse et indépendante, P’tit Caïd, le parvenu insolent et imprudent.
Mais l’étrangeté de ce polar réside aussi dans le fait que le policier y apparaît très tard et a un rôle somme toute assez secondaire. Le commissaire Apicella, tout charmant qu’il est, ne résout pas grand chose. Ce qui montre bien le pouvoir très limité qu’a la police à Naples. Malgré ses singularités, ce roman écrit par Attilio Veraldi en 1982 est goûteux et très plaisant. Le rythme est rapide ainsi que les dialogues. Les différentes courses poursuite, notamment celle où Nez de chien est poursuivi par deux motards têtus et très rapides, sont rendues avec une efficacité particulière.
Dommage que la fête soit gâchée par une traduction et des explications approximatives. Par exemple, concernant Poggioreale, un quartier de Naples où se trouvent, entre autres, la prison et le cimetière de la ville, la traduction est la suivante : « …Poggioreale, cimetière perché sur un tertre qui, s’il n’a rien de réel aujourd’hui, devait mériter jadis cet attribut… » avec une note en bas de page qui explique que le mot Poggioreale veut dire « Littéralement tertre réel ». La traductrice semble ignorer que « reale » en italien ne veut pas dire que « réel » mais aussi « royal ». Ce qui donne à la phrase une toute autre dimension et qui montre l’état désastreux, mais malheureusement ben réel, de ce quartier aujourd’hui. En effet, à Poggioreale, il y a eu à différentes époques la résidence de plusieurs souverains qui ont régné sur la ville.