Publié le mardi, 9 septembre 2008 à 11h35
Padana City, polar de Massimo Carlotto et Marco Videtta
Dans une petite ville du Nord-Est de l’Italie, Giovanna, jeune fille belle et brillante est assassinée. Elle est retrouvée morte dans sa baignoire. Giovanna devait se marier une semaine plus tard avec Francesco, le fils d’une des familles les plus en vue de la ville.
Padana city est un polar plein de rebondissements écrit avec un style rapide et vivace. Mais ce n’est pas seulement un polar. C’est aussi un état des lieux. Le paysage se fond dans l’intrigue. Le Nord-est, qui est d’ailleurs le titre italien du livre, est le vrai protagoniste de ce roman. Le miracle économique autant soudain qu’éphémère, qui semble post factum presque un mirage et qui laisse derrière lui un désert éthique dissimulé derrière une foi atavique et de façade.
Le Nord-est avec ses petites entreprises très dynamiques était le moteur économique de l’Italie. Il l’a été pendant une vingtaine d’années et maintenant c’est la crise. Les produits des régions pauvres du monde sont plus compétitifs. Certains, donc, font le choix de la délocalisation et d’autres celui des activités illicites.
C’est une dimension essentielle du roman qui entre dans le jeu des personnages, s’y mêle, en devient une constante. C’est un décor qui déteint inexorablement sur les individus les plus intègres
La déchéance morale escamotée par d’impeccables bonnes manières est une porte ouverte à toutes les dérives. Les jeunes gens de bonne famille, avec leur gros 4x4, qui agressent, volent et tabassent des retraités sans défense en constituent un exemple évident. Sans parler des meurtres ignobles perpétrés pour des raisons crapuleuses.
De l’autre côté, pour sauver la face, il faut que quelqu’un en assume la responsabilité. Un bouc émissaire qui, comme d’habitude, est choisi parmi les éléments les plus faibles de la société. Et voilà le coupable idéal de tous les maux, un pauvre vendeur à la sauvette, étranger. La sentence sommaire d’un tribunal improvisé, composé d’exaltés, le désigne, le condamne et le punit. Ça ne peut pas être des gens de chez nous. Cela ressemble étrangement au discours de la ligue du Nord, qui d’ailleurs dans ce territoire, est majoritaire.