Publié le mardi, 5 mai 2009 à 12h13
Poussière, roman de Adrián N. Bravi
Anselmo a une grande phobie, la poussière. Il se lève tous les matins à six heures pour astiquer la maison de fond en comble avant de se rendre au travail. Il ne pourrait pas quitter la maison sans avoir d’abord fait son devoir vis à vis de cette menace invisible. Il se sentirait mal. D’autant plus que sa femme ne partage pas les mêmes sentiments à l’encontre des petites particules.
C’est une bataille perdue d’avance comme la tentative d’envoi de messages à son ami Paolo. Anselmo n’a pas la bonne adresse et ses e-mail lui reviennent inexorablement comme la poussière le jour d’après. Ce n’est pas qu’une obsession que celle d’Anselmo pour la poussière. C’est un peu sa raison de vie. Tout le reste lui devient petit à petit totalement transparent. Tout d’abord sa femme, avec qui il s’est marié deux ans auparavant et qui sombre dans l’alcool, son travail, dans lequel il avait investi tant d’énergies, au point de faire aussi le travail de ses deux collègues « tir au flanc » et puis finalement sa vie même.
C’est un livre drôle, original, profond, en dépit du sujet volatile et superficiel, écrit par un Argentin d’origine italienne qui vit en Italie. La poussière est le symbole de la vie du protagoniste, toute en surface et sans ambition. D’ailleurs ce n’est pas un hasard qu’il arrive à s’ouvrir, à parler de ses propres angoisses uniquement à quelqu’un qui ne recevra jamais son message. Le résultat est éphémère à l’instar du ménage. Le style d’Adrián Bravi, très symbolique et riche d’éléments de réflexion, rappelle parfois celui de l’écrivain portugais José Saramago. L’excellente traduction de Danièle Valin contribue à faire de ce petit livre un vrai délice.