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Publié le dimanche, 15 février 2009 à 16h54

Radio Clandestine, Mémoire des Fosses Ardéatines de Ascanio Celestini

Par Stefano Palombari

Même s'il s’agit de théâtre-récit, qu'il faudrait donc écouter par la voix de l'auteur ou d'un acteur, ce petit livre est une pure merveille. On peut le lire confortablement assis sur son fauteuil et le plaisir sera également au rendez-vous. Dans tous les cas, que ce soit lu ou écouté, dans le contexte actuel c’est un texte important et courageux.

Le 24 mars 1944, 335 personnes, tous des hommes, ont été massacrées dans une carrière abandonnée de la via Ardeatina (les Fosses Ardéatine), dans la périphérie de Rome, par les nazis, qui occupaient la ville. Le jour précédent, un attentat de la résistance dans la via Rasella, en plein cœur de Rome, avait tué 32 soldats de l’armée allemande, un autre mourra quelques heures plus tard à l’hôpital. Pour les nazis pour chaque soldat tué il fallait supprimer dix « communistes ». Mais, parmi les exécutés, il n’y aura pas que des communistes

En feignant un bavardage avec une petite dame, Ascanio Celestini a le talent de placer ce massacre dans son contexte historique. La dame en question, « la bassetta », « la toute petite », qui est venue lui demander de lui lire une annonce car elle est analphabète, est le symbole du « petit peuple d’autrefois » comme l’explique bien le traducteur Olivier Favier dans la quatrième de couverture.

Ce n’est nullement un texte historique, ni un document ni un essai. Dans ce récit Ascanio Celestini parle aussi d’autres choses. En bavardant avec la « toute petite » il raconte des souvenirs d’enfance, de l’enfance de son père, l’arrivée des paysans dans la capitale au début du siècle dernier et puis à partir des années 20 la progressive modification sociale du centre de la ville. Les pauvres étaient chassés en banlieue et les riches prenaient possession des quartiers du centre historique.

Les Fosses Ardéatine reste quand même le sujet principal. Celestini cite un article du journal du Vatican « L’Osservatore romano » qui le lendemain du massacre disait que 335 Romains avaient « été sacrifiés » et subrepticement en donnait la responsabilité aux résistants. C’est un peu ce qui se passe aujourd’hui où on remarque la fâcheuse tendance à tout mélanger. Les responsabilités tout d’abord. Les « partigiani », les résistants italiens, auraient donc la responsabilité du massacre perpétré par les Allemands. On ne s’aperçoit pas assez de la dangerosité de telles affirmations. Les conséquences empêcheraient donc ipso facto toute tentative de résistance. L’hypothèse même d’un acte de rébellion vis à vis d’une réalité insupportable contiendrait en elle les germes de la responsabilité des possibles représailles.

C’est là que le récit de Celestini montre toute sa puissance. En bavardant avec « la bassetta » il arrive à recréer l’atmosphère de terreur qui étranglait la ville sous la botte des Allemands. Et il démonte pièce par pièce tous les raisonnements révisionnistes qui tendent à dédouaner les soldats coupables de cet acte ignoble ainsi que la hiérarchie militaire allemande de leurs responsabilités.

Informations pratiques
Radio Clandestine, Mémoire des Fosses Ardéatines
Auteur : Ascanio Celestini
Éditeur : Espace 34
Traducteur : Olvier Favier
Prix : 11 €
Parution : janvier 2009

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Radio Clandestine, Mémoire des Fosses Ardéatines
Espace 34, février 2009, 11 €