Les Récits oubliés de Elsa Morante

Par Stefano Palombari

Ce livre est sorti en Italie il y a cinq ans sous le titre Racconti dimenticati. Un livre important qui montre très bien l’énorme talent littéraire de l’écrivain romain. Un talent qui avait fait son apparition dès son plus jeune âge. En effet, Elsa Morante décide de se consacrer à l’écriture dès l’âge de 13 ans. Dans la troisième section de cette publication, Anecdotes enfantines, elle nous raconte son enfance et sa formation.

Entre 1939 et 1941, Elsa Morante collabore à l'hebdomadaire « Oggi » . Ce sont justement les textes écrits pour ce journal qui sont réunis ici pour la première fois dans leur intégralité. Il s’agit d’une cinquantaine de récits. Dans le passé, l’auteur en avait choisi quelques-uns qui avaient été publiés dans deux recueils Le Jeux secret et Le Châle Andalou.

Sur cinquante récits écrits en moins de deux ans on pourrait s’imaginer de trouver des doublons ou au moins de assonances entre deux textes. Mais il n’en est rien. Ils sont tous différents, tous écrits avec l’adresse que la critique lui reconnaît, même si tous sont empreints d’une même atmosphère sombre et magique.

Le plus souvent il s’agit d’histoires de famille plus ou moins troubles. Dans Le frère aîné, un étudiant de retour pour les vacances sème la terreur dans le foyer. Le Baron est un homme gros, timide et solitaire qui finit par épouser sa gouvernante. La vieille qui demande sa propre mort dans La pèlerine, se fait un plaisir d’effrayer sa belle-fille. Les deux très jeunes époux se retrouvent à vivre dans un village inhospitalier. L’épouse laide est consciente de sa laideur et, pour ne pas perdre son beau mari, se fait discrète au point de vivre dans une solitude totale. La solitude, justement, est l’autre constante de ses récits. Elle hante tous les personnages et l’auteur même vu qu’elle est présente aussi dans les Anecdotes enfantines.

Les récits sont introduits par l’excellente préface de Cesare Garboli, écrivain et grand critique littéraire, ami personnel d’Elsa Morante. Il est décédé l’année de la parution du livre en Italie.