Publié le lundi, 10 août 2009 à 10h14
Exposition Titien, Tintoret, Véronèse… Rivalités à Venise
Événement au musée du Louvre : les plus grands peintres de Venise au XVIe siècle se donnent rendez-vous dans le Hall Napoléon pour une exposition révélant à travers leurs œuvres les rapports d’émulation ou de compétition qu’ils entretenaient.
Composée de quatre-vingt-cinq tableaux, pour la plupart des chefs-d’œuvre prêtés par les musées les plus prestigieux du monde, l’exposition entend éclairer cette noble rivalité en comparant des peintures de même sujet ou de sujet équivalent afin de montrer combien les artistes se sont influencés ou, au contraire, ont divergé pour proposer une vision personnelle d’un thème. Si Titien, peintre officiel de la République, domina toujours la scène, l’arrivée de nouvelles générations - Bassano, Tintoret, Véronèse, Palma le Jeune - et l’influence des évolutions artistiques de l’Italie centrale, entraînèrent des solutions originales dans le traitement des sujets chers aux Vénitiens dans la seconde moitié du XVIe siècle.
« Parce qu’il avait en face de lui Véronèse, Tintoret dut apporter un soin particulier à ces peintures, car la présence d’un rival sert parfois de stimulant, dans la mesure où l’artiste met un point d’honneur à ne pas être surpassé. » Ce qu’écrit Carlo Ridolfi en 1642 est loin de concerner les seuls Tintoret et Véronèse. Tout en cherchant chacun sa propre voie, les grands artistes vénitiens de l’époque modèlent leurs parcours en fonction de celui des autres, au premier rang desquels figure, bien entendu, le maître incontesté que reste Titien. La concurrence joue donc un rôle majeur dans la création et le renouvellement de la peinture à Venise.
Le régime politique très particulier de la République de Venise et sa structure sociale favorisent grandement la diversité artistique. La présence de nombreuses familles riches, nobles ou pas, l’importance de l’Eglise, en pleine Contre-Réforme, et le réseau des puissantes confréries, dites scuole, multiplient les opportunités de travail pour les artistes, dans un contexte où une vraie liberté préside à l’attribution des commandes. Obtenir de travailler pour ces différents mécènes entretient donc à Venise, peut-être plus qu’ailleurs encore, une rivalité constante entre les peintres. Cette rivalité va jusqu’à s’inscrire dans le cadre de concours organisés pour les commandes les plus prestigieuses, à l’instar de ce qui se fait aujourd’hui pour les grands projets d’architecture. Ce fut notamment le cas pour le décor de la Bibliothèque Marciana, de la Scuola di San Rocco et, le plus important de tous, de la tribune du Doge dans la Salle du Maggior Consiglio du palais des Doges.
Les artistes vénitiens sont par ailleurs confrontés, en cette seconde moitié du XVIe siècle aux nouveautés et donc aux défis apportées par le maniérisme. L’exposition se propose de faire le point sur cet aspect peu connu de la peinture vénitienne et sur ce qui a conduit les artistes de la lagune à opérer une synthèse unique adaptant le maniérisme de l’Italie centrale à leur vision naturaliste du monde.
Les doges, amiraux, patriciens et patriciennes de la République de Venise habitent cette première partie. De toutes les salles de l’exposition, il s’agit probablement de la plus homogène : la réunion de ces portraits montre la permanence du modèle imposé par Titien (Le Doge Francesco Venier, Madrid, Museo Thyssen-Bornemisza). Ayant en effet profondément renouvelé la peinture vénitienne et réinterprété de nombreux thèmes, ce dernier a créé des images très fortes qui se sont imposées comme des archétypes pour les peintres qui ont suivi. La prééminence de Titien dans le domaine du portrait est telle qu’elle continue de poser aujourd’hui des problèmes d’attribution : les compositions sont souvent identiques et la proximité stylistique réelle (par exemple : Le Doge Venier de Titien déjà cité et Sebastiano Venier par Tintoret, Vienne, Kunsthistorisches Museum), ce qui témoigne de la force de la tradition et de la fonction du portrait à Venise.
Informations pratiques
Musée du LouvreHall Napoléon
Dates : du 17 septembre 2009 au 4 janvier 2010
Partenariat Musée du Louvre / L'Italie à Paris
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