Publié le samedi, 30 août 2008 à 08h35
UrbanEurope, exposition de Marco Zanta
Après avoir parcouru l’Europe, d’Helsinki à Lisbonne, pendant 4 ans à la recherche de bâtiments d’architecture moderne capables de changer le visage des villes européennes, le photographe italien Marco Zanta, est de passage à Paris pour partager ses clichés. Dans cette exposition l'artiste dévoile ici son propre projet: un patchwork imaginaire et poétique fait de villes à l’identité unique, une sorte d'Euro-ville, plurielle et composite.
Giovanna Calvenzi, critique et journaliste, nous décrit le parcours du photographe. « L’histoire commence en 2001 lorsque Marco Zanta revient en Italie après un long voyage au Japon. Le photographe a été dérouté parce qu’il y a découvert et photographié, par les villes s’étendant sans fin sur des kilomètres. Cette expérience l’a poussé à essayer de mieux comprendre son propre pays, ses racines et son environnement culturel.
Zanta a admis très librement que l’Italie, culturellement et historiquement, a une notion de la géographie très restreinte : les villes d’une même région comme Mestre et Venise ou Florence et Prato se considèrent comme « étrangère » ou au moins différente, dans ce contexte, l’idée d’une Europe unifiée est difficile à comprendre et à accepter. Ce n’est pas seulement une question de monnaie commune, alors que l’Europe regroupe tout de même des cultures, des coutumes et des pays différents, elle est néanmoins encore perçue comme un concept abstrait et intangible.
Inspiré par sa passion pour l’architecture, Marco Zanta s’est profondément intéressé aux nombreux projets architecturaux en chantier ou réalisés dans plusieurs métropoles européennes. Il s’est embarqué dans une odyssée européenne de quatre ans qui l’a mené d’Helsinki à Lisbonne à la recherche de bâtiments en phase de devenir des icônes de l’architecture moderne, capables de changer le visage des villes européennes.
En photographiant ce qu’il voit, Zanta construit son propre projet : un composite imaginaire et poétique fait de villes à l’identité unique, une Euro-ville qui pourrait réellement exister même si sa forme est fragmentaire et plurielle.»
Directeur et auteur de nombreuses publications photographiques, Gabriel Bauret est également le commissaire de la prestigieuse exposition à la Maison Européenne de la Photographie. Voici sa perception du travail du photographe italien : « Le travail de Marco Zanta raconte essentiellement, dans le contexte du paysage urbain, l’histoire de rencontres sous de multiples formes entre le neuf et le vieux, la création architecturale contemporaine et le patrimoine, l’avenir et le passé. Mais aussi, entre le spectaculaire et l’ordinaire, le beau et le laid, l’exceptionnel et le quotidien.
Beaucoup de grandes métropoles européennes, du nord au sud, d’est en ouest, sont le théâtre de telles rencontres, plus ou moins heureuses, plus ou moins réussies, d’un point de vue visuel, social ou culturel.
En ligne de mire, la question de l’urbanisme et de l’urbaniste : qui pense aujourd’hui, au delà de la création architecturale, monumentale, et indépendamment du discours politique, démagogique, le paysage de la ville en termes de coexistence, d’harmonie? Roberta Valtorta a raison, dans la postface de l’ouvrage publié sous le titre “Europa Europa”, de parler d’un paysage “fragile” et “temporaire”.
Qui pense, et comment pense-t-on en termes de relation entre l’homme de la ville et son environnement? Marco Zanta quant à lui ne juge pas, il observe attentivement ; puis il choisit un plan et un cadre qui lui permettent de fixer avec une précision exceptionnelle - que le livre “Europa Europa” restitue très scrupuleusement -, dans les paysages de Londres, Vienne, Lille ou Barcelone, la fluidité du passage entre les époques et les styles, ou au contraire le contraste, la rupture. Avec les outils et le regard du photographe contemporain - couleurs et grand format -, avec une expérience évidente du sujet, il nous invite à prendre la mesure de l’espace, à détailler les matériaux qui composent les diverses architectures, et à évaluer la place que l’homme parvient - ou non - à trouver dans le paysage. Il dit entre autres le vide et le plein, le froid et le chaud, l’humain et l’inhumain.»
Informations pratiques
Maison Européenne de la Photographie5/7 rue de Fourcy - 75004 Paris
Tél. 01 44 78 75 00
Dates : du 24 septembre 2008 au 26 octobre 2008, du mercredi au dimanche inclus de 11h à 19h45.