Le Moyen-Âge
En 410, l'Empire romain d'Occident s'écroule. Les populations germaniques qui ont conquis la France, abandonnent leurs idiomes pour parler latin et leur religion pour se convertir au christianisme. En 496, Clovis, roi des Francs, se fait baptiser. La même année, le savant saint Benoît de Nursie (san Benedetto da Norcia) établit une règle de conduite et organise, dans toute l'Europe, un réseau de monastères, où les moines vivent dans le respect de ses préceptes. Cet ordre devient bientôt très puissant avec ses quelque 17 000 abbayes et prieurés et fournit, entre autres, 24 papes, 200 cardinaux, 1 560 saints, 43 empereurs, 44 rois. A Paris, au cours du VIIIe siècle, on assiste à la conversion à la règle bénédictine de l'abbaye de Saint-Germain des Prés, construite en 543, sous le règne du roi Childebert.
A la chute de l'Empire romain, la péninsule perd sa suprématie. Paris et l'hexagone acquièrent, en revanche, une importance croissante. Ce qui incite de remarquables personnalités intellectuelles italiennes (savants, mathématiciens etc.) à séjourner dans la ville française. On enregistre ce phénomène pendant tout le Moyen Âge. Tout d'abord, ce sont les deux mathématiciens les plus importants du XIIIe siècle, Léonard Fibonacci et Campano da Novara, qui demeurent quelque temps à Paris. Au cours de ses nombreux voyages, Léonard Fibonacci, dit Léonard de Pise (v. 1175 - v. 1240), séjourne longtemps dans la capitale pour approfondir ses connaissances mathématiques du monde arabe. Avec son ouvrage fondamental, le Liber abbaci (v. 1202), dont le titre vient de abbaco, l'art du calcul, il fait connaître les chiffres arabes en Occident, y compris le zéro, et l'art des opérations arithmétiques reposant sur la numération de position. Il y introduit aussi la barre de fraction. Les méthodes de calcul sont présentées à l'aide d'exemples et sont appliquées à de nombreux problèmes pratiques susceptibles d'intéresser les commerçants : intérêt, profit, change, etc. Quant à Campano da Novara (v. 1220 - v. 1297), c'est à lui qu'on doit la naissance de l'arithmétique, qu'il rend autonome de la géométrie. De plus, il étudie et commente les ouvrages de Fibonacci. Les résultats des mathématiciens italiens, et notamment ceux de Fibonacci fourniront des outils indispensables à une autre catégorie d'Italiens très nombreuse dans la capitale, les hommes d'affaires.
A partir du XVe siècle, en Italie, on assiste à la naissance d'un nouvel intérêt culturel, bâti autour de l'homme : l'humanisme. L'érudit Giovanni Pic de la Mirandole (1463-1494), une des grandes figures de ce mouvement, établit de très bonnes relations à Paris, en apportant sa contribution, fondamentale, au milieu culturel de la capitale. Il y arrive une première fois en 1485, pour des études sur la philosophie scolastique, où il entre en relation avec le jeune roi Charles VIII et Robert Gaguin. L'année suivante il rentre en Italie. En 1488, persécuté par la curie romaine, il est à nouveau en France. Arrêté à Lyon, il est enfermé à Vincennes. A sa libération, et sur l'invitation de Laurent le Magnifique, il se rend à Florence, où il restera jusqu'à sa mort. Pic meurt, peut-être empoisonné, le 17 novembre 1494. Quelques jours avant son décès, alors qu'il est déjà au plus mal et que son sort est signé, Charles VIII, qui passe par Florence en se rendant à Naples pour l'envahir, veille à son chevet en compagnie de Savonarole.
La Renaissance
A partir de la fin du XVe siècle, les villes italiennes commencent à s'enrichir et à s'embellir. Au XVe siècle, l'Italie est le pays le plus riche d'Europe. Ce dynamisme économique est dû notamment à la naissance et à la mise en œuvre de nouveaux instruments de commerce, dont certains sont toujours utilisés (voir chapitre préc.). Le pays est organisé en villes et petits États, dont les seigneurs, riches et raffinés, encouragent les recherches scientifiques et les créations artistiques, littéraires et techniques. Mais, en même temps, c'est une période de guerre. Les États de la péninsule combattent entre eux et des pays étrangers envoient des armées en Italie pour régler des questions de succession. A leur entrée dans les villes, les envahisseurs restent abasourdis par la beauté, la richesse et la prospérité de ces cités.
Le 2 septembre 1494 le jeune Charles VIII et son armée impressionnante franchissent les Alpes pour envahir Naples, le 22 février 1495. Le séjour est de courte durée. Une ligue de plusieurs États contraint en effet le souverain français à prendre la voie du retour seulement cinq mois plus tard. En rentrant, le roi français emmène avec lui quelques joyaux de l'art italien ainsi que des ingénieurs, tailleurs de marbre, joailliers, orfèvres, ébénistes et bien d'autres. Il appelle dans la capitale, entre autres, l'architecte Fra Giocondo de Vérone, à qui est confiée vers 1500 la construction du premier pont en pierre, le pont Notre-Dame (ancien Grand-Pont). Jusqu'ici, à cet emplacement il y avait eu plusieurs ponts, tous en bois, qui s'étaient effondrés les uns après les autres. Fra Giocondo construit ce pont en pierre surmonté de soixante-huit maisons identiques en brique sur lesquelles on procède à la première tentative de numérotation immobilière à Paris.
François Ier, devenu roi en 1515, rêve à son tour de descendre vers cette terre du soleil où sont rassemblées les splendeurs de l'Antiquité. Il n'aura pas plus de chance que ses prédécesseurs. L'Italie n'était pas pour François Ier seulement une terre de conquête. Il était vraiment amoureux de ce pays. En 1516, il offre à Léonard de Vinci une hospitalité grandiose et le nomme " premier peintre, architecte et mécanicien du roi ". Mais le grand artiste toscan, qui mourra trois ans plus tard dans sa demeure, du château de Cloux (aujourd'hui le Clos-Lucé), ne passera pas par l'Ile de France.
La "nouvelle Rome"Une autre preuve de la passion de François Ier pour l'Italie se manifeste dans ses grands projets pour Fontainebleau. Son idée est de faire disparaître toutes les constructions médiévales et de bâtir une " nouvelle Rome ". Ainsi, il fait appel à deux artistes italiens, Rosso Fiorentino en 1530, élève de Michel-Ange, qui devient son peintre officiel, et Primatice, en 1532, qui est la personnalité la plus importante et influente de l'art de la renaissance italienne à Paris et en France. Les deux peintres dirigent les travaux à Fontainebleau et, avec plusieurs autres artistes italiens et français, forment l'école de Fontainebleau.
Pendant le règne de Henry II, les Italiens perdent de leur autorité. Le chantier bellifontain est confié à Philibert de l'Orme et Primatice peut donc s'occuper d'autres projets. Pour le cardinal de Lorraine il réalise un lieu de plaisance à Meudon, le tombeau du duc et de la duchesse de Guise, ainsi que la chapelle de l'hôtel parisienne des Guise, l'hôtel de Clisson dans le Marais (60, rue des Francs-Bourgeois).
Après la mort du roi, Catherine de Médicis redonne à Primatice la direction des travaux de Fontainebleu et lui confie la tache de dessiner le tombeau d'Henri II. Pour ce projet, Primatice, désormais en fin de carrière, s'accorde bien avec le sculpteur français Germain Pilon. Primatice meurt à Paris en 1570. Tout autre est le cas du grand sculpteur Benvenuto Cellini, qui arrive à Paris en 1540. Il était célèbre pour ses chefs-d'œuvre, mais aussi pour son caractère sanguin et ses querelles. Et c'est justement pour ses excès qu'il avait dû fuir Rome. Cellini travaille beaucoup à Paris, même dans les domaines de l'architecture civile et militaire. Cependant, sa réalisation la plus importante est sans doute la porte du château de Fontainebleau, ornée de statues et bas-reliefs, dont le plus célèbre est la nymphe de Fontainebleau, maintenant au Louvre. Malheureusement son caractère gâche à nouveau tout. Il se dispute violemment avec Primatice, et perd la confiance du roi. Il quitte Paris, en 1545, où il laisse tous ses biens, avec l'intention d'y revenir, mais il n'y retournera jamais.
Giordano Bruno et CaterinaMais la renaissance italienne en France n'est pas présente uniquement dans le domaine des arts. En 1528, Balthazar Castiglione publie à Venise Le Courtisan (Il Cortigiano), une œuvre qui a un succès énorme et sera publiée dans plusieurs pays. En France le livre est traduit en 1537 par Jacques Colin, secrétaire du roi, et devient tout de suite un best-seller. Dans le domaine de la philosophie, le grand penseur Giordano Bruno séjourne à Paris entre 1581 et 1583, où il donne des cours à la Sorbonne sur le thème des attributs de Dieu. En cette période, il écrit plusieurs ouvrages fondamentaux et Henri III le fait nommer " lecteur extraordinaire " à l'université. Bruno décide d'abandonner la France définitivement en juin 1586 par suite des réactions négatives suscitée par son œuvre Centum et viginti articuli de natura et mundo adversus Peripateticos, dans laquelle il attaque la philosophie d'Aristote.
François Ier meurt le 31 mars 1547. En 1552, le nouveau roi, Henri II, relance les tentatives de conquête sur le Milanais et Naples. Même s'il peut compter sur l'aide précieuse du bon commandant, le duc de Guise, ses efforts sont vains. En 1559, avec le traité du Cateau-Cambrésis, la France renonce à toutes prétentions sur l'Italie. En 1533 le jeune Henri duc d'Orléans épouse Catherine, fille de Laurent II de Médicis. Quand la jeune princesse - elle a quatorze ans - arrive à Paris, elle amène avec elle, entre autres, un petit objet destiné à révolutionner les habitudes des Français, la fourchette. En 1536, Henri devient roi, sous le nom d'Henri II, et officialise sa liaison avec Diane de Poitiers, évènement qui aura une conséquence directe sur le chantier de Fontainebleau. Sous le règne d'Henri II, en effet, les travaux sont confiés à Philibert de l'Orme, protégé de la favorite. A la mort du roi, en 1559, Catherine de Médicis envoie Diane de Poitiers à Chaumont-sur-Loire et redonne à son compatriote, le Primatice, la direction du chantier.
La renaissance s'achève dans le bain de sang des guerres de religions opposant huguenots et catholiques. C'est dans ce contexte que Catherine de Médicis joue un rôle particulièrement important. Au jeune François II, mort en 1560, succède Charles IX, âgé d'à peine dix ans. Catherine, sa mère, devient régente et s'entoure d'Italiens, du médecin à l'astrologue. Quant à ce dernier, Cosimo Ruggieri, elle lui offre un observatoire, une haute colonne dorique qui faisait partie de l'hôtel de la Reine, un bâtiment magnifique qu'elle avait fait construire par Jean Bullant. Du complexe, qui se trouve à l'emplacement de l'actuelle Bourse de Commerce, la colonne en est le seul vestige.