Archives Art Italien

Publié le mercredi, 27 août 2008 à 15h00

La Galerie Canesso expose à la Biennale des Antiquaires

Par Stefano Palombari

La Galerie Canesso a été fondée en 1994 à Paris par Maurizio Canesso présent depuis 1980 dans le secteur de la peinture ancienne italienne. Son activité est orientée exclusivement vers les tableaux exécutés entre le XVème et le XVIII siècle par des artistes italiens ou étrangers ayant résidés en Italie.

La Galerie Canesso sera présente à la Biennale des Antiquaires 2008 à Paris qui aura lieu du 11 au 21 septembre 2008. Elle exposera de tableaux de figures, comme un superbe "Saint Sébastien" d'Andrea Vaccaro, des natures mortes comme la "Nature morte avec une horloge" de Cristoforo Munari (voir image en haut de la page et texte ci-dessous) et aussi un très beau "Portrait de levrier" de par Michelangelo Campidoglio (ci-dessous).

Ces tableux seront accompagnés d'un catalogue très visuel, conçu comme un handbook, avec de grands détails des tableaux. Ces tableaux anciens seront présentés dans un espace déstructuré, sur des panneaux libres dont la couleur sera définie à la dernière minute.

Portrait d’un lévrier avec un chiot sur fond de paysage de Michelangelo Pace, dit Il Campidoglio.Portrait d’un lévrier avec un chiot

Les archives Chigi, publiées par Vincenzo Golzio en 1939, ont été fondamentales pour reconstruire l’activité de Michele Pace comme peintre d’animaux. Jusqu’alors connu uniquement pour ses natures mortes, il était tombé, depuis le xviiie siècle, dans un quasi-oubli. Pourtant, ces documents viennent témoigner d’une intense activité pour le cardinal Flavio Chigi (1641-1693), qui lui commanda, entre 1658 et 1666, de nombreux tableaux de lévriers pour ses résidences à Rome et dans ses alentours. De fait, en 1664-1665, Michele Pace exécute pour ce grand mécène, un ensemble de quatre tableaux représentant ses lévriers pour décorer une salle au rez-de-chaussée de son palais d’Ariccia, toujours in situ, avec en arrière-plan ses différentes propriétés de campagne où il s’adonnait à sa passion pour la chasse. Ces Portraits de lévriers, publiés en 1966 par Italo Faldi avec d’autres toiles de l’artiste et de son fils Giovan Battista Pace (1650-1699), attestent de la volonté du peintre de porter ce genre à sa plus haute expression. Depuis, d’autres sont apparus, venant confirmer la validité des multiples mentions de paiements à Michele Pace pour des portraits de lévriers « dal naturale », parfois avec plusieurs chiens sur la même toile, leur nombre étant précisé et pouvant aller jusqu’à douze.



Le Portrait d’un lévrier avec un chiot sur fond de paysage est apparu à une date récente, lorsqu’il fut présenté en 2003 par Francesco Petrucci lors d’une exposition au Palais Chigi d’Ariccia. Il est catalogué avec deux autres toiles sur ce même thème, aux dimensions sensiblement comparables et similaires par la pose à l'arrêt de l’animal, aujourd’hui dans la collection Luigi Koelliker de Milan. Le lévrier brun est peint devant un paysage vespéral et ne se laisse en rien distraire par le petit chien caché dans une sorte de niche, en bas à droite, et qui regarde craintivement vers ce dernier. L’artiste semble s’être fait une spécialité de ces portraits animaliers conçus all’aperto, conception qui vaut aussi pour ses natures mortes, et qui lui permettent de transcrire les contrastes changeants de la lumière suivant le moment de la journée. Ici, les rayons du soleil couchant viennent ciseler le contour des pattes du chien et illuminer son poitrail et sa tête. Les caractéristiques stylistiques du peintre s’expriment par son faire large à la palette vibrante de matière, bien apparent dans les rehauts de couleur claire sur le sol et sur le tronc d’arbre à gauche.

Très peu d’éléments biographiques – nous ignorons toujours ses dates de naissance et de mort – et artistiques viennent éclairer la vie et l’œuvre de cet artiste, qui prennent avec les précises références des archives Chigi, un relief nouveau et passionnant. Michele Pace a développé une vraie particularité en associant portrait d’animaux et paysage ou nature morte et paysage, un naturalisme déjà présent à Rome chez Michelangelo Cerquozzi (1602-1660), tendance qui se développera au cours de la seconde moitié du xviie siècle avec Abraham Bruegel (1631-1697) et plus tard, avec Frans Werner Tamm (1658-1724).

Nature morte avec Bucchero, horloge, cruche renversée, plateau avec de la vaisselle de cristal, livres, violon avec archet, partition, plat avec pastèque, biscuits, deux tasses, nappe rouge sur un entablement de pierre de Cristoforo Munari. (image en haut de la page)

Les natures mortes aux motifs variés et recherchés, souvent décrits au moyen d’une lumière fine et cristalline, ont fait la renommée de Cristoforo Munari à Rome. Son iconographie qui puise dans la tradition émilienne laisse une large place aux instruments de musique et aux partitions mêlées de façon libres avec des fruits, des ustensiles de la vie domestique, le tout parfois agrémenté d’animaux. Ici, sur une table recouverte d’une draperie rouge, une composition touffue fait la part belle à la musique, aux nourritures terrestres -pastèque et biscuits, du vin, sous la garde d’une horloge qui matérialise le passage du temps.

De ce peintre né à Reggio Emilia en 1667, l’on ne rencontre aucun document avant son installation à Rome : il y est documenté en 1699, marié à une romaine et résident dans le quartier de San Lorenzo in Lucina. Dans ces 32 années qui ont précédé son arrivée à Rome est advenue sa formation, de toute évidence émilienne, certainement dans le sillage de Pier Francesco Cittadini (1613/1616 – 1681) et Evaristo Baschenis (1617 – 1677).

Informations pratiques
Grand Palais
(M° Champs-Élysées-Clemenceau / Franklin D. Roosevelt)
Tél. 01 44 51 74 74
Dates : du 11 au 21 septembre 2008, de 11h à 23h.
Cristoforo Munari, Nature morte avec Bucchero, détail Grand Palais, du 11 au 21 septembre 2008