Lazzi, révisez vos classiques

Par Stefano Palombari

C’est dépaysant. En plein cœur de Paris, entre l’Opéra et l’église de la Madeleine, un lieu caché, à l’écart de l’anarchie bruyante de la circulation parisienne. Ce petit espace circulaire surveillé par le plantureux et bienveillant Edward VII à cheval, a des allures de petite place de village, quelque part en Italie. C’est totalement personnel, mais au premier abord cela m’a fait penser à la magnifique piazza dell’anfiteatro à Lucques. Avec un peu de chance, réchauffés par les rayons de soleil d’une douce journée d’automne, vous franchirez les Alpes le temps d’un repas.

Fort d’une longue expérience dans la restauration italienne, Régis Campana, a fait de Lazzi un temple des classiques italiens réalisés comme il faut. Pas d’envolées lyriques, d’interprétations hasardeuses, de contaminations périlleuses, ici, dixit M. Campana, on « propose ce qu’on sait faire et qu’on fait depuis longtemps». Au programme donc, des légumes de saison grillés maison avec une purée de potiron, une sublime stracciatella assaisonnée d’huile d’olive, poivre et olives taggiasche, pasta alla norma, polpo grigliato et tiramisù.

Dès la première bouchée on remarque l’excellente qualité des ingrédients. Les légumes grillés sont légèrement croquants et la purée de potiron d’une grande douceur. La stracciatella s’avère souvent un mauvais choix. Quand elle n’est pas de première qualité elle est fade et le plaisir qu’on s’attendait se mue soudainement en ennui. Celle de Lazzi est parfaite, on ne s’en lasse pas. Aidée par le goût franc des olives taggiasche, étalée sur le pain grillé qui accompagne le plat, c’est une expérience de pure jouissance.

Pour sa norma, notre primo piatto, le chef (d’orchestre) nous offre une interprétation impeccable. Mention spéciale pour la cuisson des pâtes qui étaient parfaitement al dente. Le poulpe rôti est servi avec des petites pommes de terre et du céleri, un « deuxième plat » tendre, tout en finesse. Pour terminer, classique oblige, le tiramisù de Lazzi frôle la perfection (qui n’est pas de ce monde). Onctueux à souhait, la génoise parfaitement imbibée… bref l’exemplaire qu’on a goûté était très proche de son archétype.

Le dicton dit que le diable se cache dans les détails. Allons voir… Le pain servi par lazzi est un pain de campagne de farine bise particulièrement parfumé ; en alternative à la carafe d’eau du robinet ici pas d’eau du supermarché mais de l’acqua Sole’ ou Filette en bouteille en verre ; quant au vin, que ce soit blanc ou rouge, les options sont très intéressantes. J’ai accompagné mon repas d’un vermentino de Sardaigne (blanc) et d’un villa Antinori chianti classico (rouge), un choix gagnant !

Comptez une cinquantaine d’euros pour un bon repas. A midi, la formule (entrée + plat ou plat + dessert) vous permet de plafonner l’addition à 28 €.

Publié le mardi, 13 septembre 2022 à 11h02