Al Dente, la forme et la substance

Par Stefano Palombari

Al Dente fait partie de ces établissements qui à priori ont tout pour me déplaire. Il est situé dans un quartier bling-bling, où je me sens rarement chez moi, il a une clientèle people et les propriétaires sont des Français liés au monde du show-biz, recyclés dans la restauration italienne.

Ce fut par un concours de circonstances que je me suis retrouvé assis à l'une des petites tables du restaurant. Mais avant de m’asseoir, la porte d'entrée franchie avec une certaine appréhension, je fus déconcerté par un accueil franchement chaleureux. Sylvain Lindon et sa femme Marie sont des hôtes qui savent mettre à l'aise leurs clients. D’ailleurs, on pouvait remarquer de nombreux habitués.

On est en famille, m'explique le patron avec un large sourire. Sylvain et Marie qui n'ont, ni l'un ni l'autre, la moindre goutte de sang italien, ni la moindre formation de cuisinier, ont toujours été attirés par les saveurs simples et franches de la gastronomie transalpine et ont toujours rêvé d’ouvrir un restaurant. Ils se sont lancés dans cette aventure il y a 9 ans.

Mais pourquoi donc aller manger italien chez des Français ? Car, si les patrons sont Français, le cuisiner, lui, est bien Italien. Et en outre, il est un vrai chef cuisinier, originaire des Pouilles, ayant travaillé auparavant dans les cuisines d'un grand restaurant italien à Athènes. Si l'on songe au nombre de restaurateurs italiens qui cachent en cuisine des cuisiniers qui n'ont jamais piétiné la terre de Dante...

Un regard rapide à l'ardoise et à la carte nous permet de comprendre qu'ici on ne joue pas la carte des plats passe-partout ni des francisations faciles et banales. Tout ce qui est proposé témoigne de la présence d'un vrai Italien en cuisine qui a envie de faire découvrir aux clients des plats authentiques.

Une fois les assiettes servies, la première chose qui saute aux yeux est la qualité des produits. En entrée, le rouleau de mozzarella avec San Daniele, roquette et tomates confites (13,70€) est particulièrement goûteux, la mozzarella et le jambon étant de tout premier choix. En revanche, les tranches de tomates servies à côté étaient logiquement fades. Le mois de décembre n'est plus la saison des tomates ni du basilic qui avait l'air mal en point.

Toujours en entrée, les artichauts coupés finement et servis crus en salade avec des copeaux de parmesan (14,40 €) étaient tendres et savoureux. Rien à dire.

En matière de pâtes, c'est la première fois que j'ai pu goûter des tagliatelle au ragoût d'agneau (22,70 €) à Paris, une spécialité typique du Molise, région injustement négligée. Un plat original au goût relevé.

Si vous aimez la pizza comme on la réalise à l'ombre du Vésuve, celle de Al Dente (à partir de 12,90 € pour une margherita) n'est pas pour vous. D'ailleurs, le pizzaiolo n'est pas Italien.

Côté dessert, vous n'avez pas un grand choix. Panna cotta et tiramisù, sinon les glaces de l'excellent glacier Pozzetto.

Des bonnes surprises côté cave. La liste des étiquettes n'est pas très longue mais les vins sont de bonne qualité. Les propriétaires ont décidé de faire confiance à l'importateur Œnotropie, où officient les talentueuses Valentina Coradeschi et Raffaella Petrillo, jamais avares de bons conseils.

En conclusion, Al Dente est un restaurant où on retrouve les vraies saveurs de la botte, dans une ambiance agréable et conviviale, au tarif, bien évidemment, du quartier.

Publié le jeudi, 18 décembre 2014 à 09h20